Le livre au risque des artistes

Catalogue de l’exposition Le livre au risque des artistes, présentée à la Bnu du 16 novembre 2005 au 1er février 2006, sou la direction de Véronique Thiéry-Grenier.

Quelle est l’identité du livre d’artiste parmi tous les livres réalisés par des créateurs et qui sont souvent d’abord des livres de bibliophilie, des livres illustrés, des livres-objets ou des livres de dialogue ? Cet ouvrage nous apporte des éléments de réponse.

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UGS : 110110048 Catégorie :

Informations complémentaires

ISBN

978-2-85923-033-3

Pages

128

Format

19×19 cm.

Façonnage

Livre broché

Éditeur

Bnu éditions

Parution

Juin 2009

Certains livres sont réalisés par des artistes seuls, d’autres par des écrivains et des artistes associés pour un temps, d’autres encore par des éditeurs. Un livre d’artiste n’est pas seulement un livre « réalisé par un artiste », il est une œuvre-livre à part entière, avec tout ce que cela comporte de choix personnels de son auteur par rapport au médium livre. Il s’agit d’une création originale, unique ou multiple, dans laquelle l’activité de rendre solidaires des textes, des images et d’autres éléments plastiques a fait elle-même l’objet d’une recherche créatrice et engagée, qui apparaît dans l’œuvre finale. Le livre n’est plus une surface, réceptacle d’autres œuvres qui existaient avant lui, il est l’œuvre.

L’exposition se veut le ferment d’une découverte et d’une réflexion du public devant des œuvres qui, comme toute création, ont mis l’artiste en danger et l’ont obligé à des compromis. Le grand nombre d’ouvrages exposés a vocation à révéler la diversité des démarches, des convictions et des exigences des artistes. Beaucoup sont caractéristiques de l’art contemporain, largement tributaire de l’époque moderne et de la période des années 1960 jusqu’à aujourd’hui où apparait une sorte de dématérialisation de l’art.

Aussi les attitudes artistiques se sont-elles multipliées. Chaque artiste s’autorise désormais à sortir d’un champ traditionnel répertorié qui l’entrave. A côté de la sculpture, de la peinture, de la musique, du théâtre, apparaissent la vidéo, la performance, l’installation, le land art, l’esthétique parfois qualifiée de « relationnelle » et bien d’autres formes de créations nouvelles, d’autant plus difficiles à classer qu’elles sont souvent interdisciplinaires. L’œuvre d’art quitte les cimaises et les socles, sort des musées et des galeries pour s’installer partout, même là où l’on ne la voit pas. Le langage, qu’il soit poétique ou théorique, a pris une place éminente dans l’expression artistique. Stéphane Mallarmé à la fin du XIXe siècle, puis Marcel Duchamp contemporain du mouvement dada et du mouvement surréaliste, des futuristes et des constructivistes au tout début du XXe siècle, le mouvement Fluxus et les artistes conceptuels cinquante ans plus tard, ont ouvert puis élargi une brèche dans la dualité classique de l’idée et de la forme, du contenu et du contenant, proposant que le concept suffise à lui seul à faire œuvre d’art et imaginant par ailleurs abolir la frontière entre l’art et la vie. Si Marcel Duchamp a fait entrer l’objet readymade au musée, les artistes des années 1960-1990 l’en ont ressorti pour s’en servir.

C’est justement dans ce contexte que le livre a pu se révéler un instrument nécessaire pour inscrire et faire entendre les propositions des artistes. Néanmoins, si le livre d’artiste fut un des outils de rupture avec une pratique artistique traditionnelle, il fut tout autant un moyen de réaffirmer une filiation avec l’histoire du livre. La plupart des artistes qui créent des livres ne sont-ils pas des amoureux du livre avant tout ?