La Revue de la Bnu n°29
À l’heure où les enjeux environnementaux ont pris une dimension mondialisée et où la traditionnelle attention à la protection de la nature, telle qu’on a pu la connaître, dans les pays développés, depuis les années soixante, a fait place à une « angoisse climatique » qui n’épargne aucune région du monde, le végétal semble avoir envahi le champ des préoccupations, quel que soit le domaine vers lequel on se tourne.
Événements organisés en bibliothèques, tables rondes ou conférences universitaires, monde économique qui invite, en 2024, la société civile et les institutions scientifiques et culturelles à participer à la « Journée internationale de la pomme de terre », chefs cuisiniers qui revisitent leurs cartes à l’aune des plantes, expositions ou même concerts… le végétal est aujourd’hui partout !
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Informations complémentaires
ISBN | 978-2-85923-101-9 |
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Pages | 120 |
Format | 21×27 cm. |
Façonnage | Livre broché |
Éditeur | Bnu éditions |
Parution | Printemps 2024 |
Pareille focalisation révèle une prise de conscience qui dépasse largement l’écologie au sens strict et entend, sans doute, réinterroger rien moins que notre rapport à la plante, considérée comme l’archétype de la nature. Serions-nous en train de perdre nos racines ? Voilà en tout cas une bonne raison pour s’y intéresser aussi du point de vue des livres et des bibliothèques, un angle original, nous dira-t-on… mais ce numéro est là pour rappeler que les « cultures végétales » ont toujours passionné, et que l’attention à la plante fait partie de notre substrat culturel. Nous n’oublions pas qu’elle est aussi un objet (qui n’a pas fait dans son enfance un herbier ?) et peut par là-même constituer une collection, rejoignant ici le monde du livre sous une autre forme.
Quant à la façon dont sa représentation métaphorique peut marquer l’imaginaire collectif, il n’est que de penser aux actuels « moissonnages de données » ou autres « arborescences numériques » – mais le bouquet, l’arbre, la fleur ou le jardin n’ont pas attendu notre époque pour se métamorphoser en anthologies ou en florilèges, et les racines, souches, branches et autres greffes envahir des domaines aussi variés que la médecine, l’anthropologie ou même les sciences du langage. Et pour rejoindre l’actualité, n’oublions pas que l’environnement au sens plus large est aussi ce qui guide un des événements finaux de cette année où Strasbourg a été désignée par l’UNESCO Capitale mondiale du livre : les rencontres internationales de l’écologie pour le livre, qui clôtureront « Lire notre monde » en avril 2025.
Au-delà de l’effet de tendance et du sujet à la mode, interroger les « cultures végétales » est, aujourd’hui comme hier, interroger aussi nos représentations mentales et la façon dont nous transmettons aux générations futures notre rapport au monde naturel – une façon comme une autre de se pencher sur l’avenir de la planète.
Sommaire
Dossier : CULTURES VÉGÉTALES
I. Supports et matières
> Ce que le livre doit au végétal. Aperçu historique et technologique sur les papiers en Asie orientale, par Claude Laroque
> Les manuscrits sur feuilles de palme en Asie du Sud et du Sud-Est, par Juliette Lecorney
> Le végétal dans les bibliothèques du Muséum national d’histoire naturelle, par Louise Glodt-Chauchoy, Alice Laforêt, Alice Lemaire et Florence Tessier
> Des collections en partage : un enjeu de numérisation, par Clément Oury
> La conservation des herbiers : état des lieux et bonnes pratiques, par Juliette Berli
II. Représentations
> Cueillir, récolter, butiner : l’imaginaire anthologique de l’Antiquité, par Laetitia Démarais
> Rinceaux et protofiligranes : la tige végétale dans l’enluminure de l’an mil dans les scriptoria d’Europe du Nord, par Rémy Cordonnier
> La métaphore végétale dans les constructions intellectuelles de Frédéric-Guillaume Bergmann, philologue comparatiste, par Hugo Forster
> Une perspective historiographique et culturelle sur l’odyssée de la pomme de terre, par Éric Quéméneur
III. Actualités
> Le livre peut-il être écologique ? Entretien avec Sarah Hamon, Angela Léry et l’Association pour l’écologie du livre, propos recueillis par Christophe Didier
L’OBJET : Une statue de Francis Drake à la Bnu par Daniel Bornemann
L’INÉDIT : « Tout ce que j’écrirai maintenant sera pour vous », par Anise Koltz
PORTFOLIO : Exsiccata de mousses vosgiennes, par Daniel Bornemann
VARIA : Entre roseaux et aromates : quelques pas dans l’univers végétal de René Char, par Danièle Leclair