La Revue de la Bnu n°22

Avec le numéro 22 et son dossier « À la recherche de l’Orient », La Revue de la Bnu se penche sur le dialogue interculturel entre pays occidentaux et monde islamique, en prenant pour point de départ l’Alsace comme terre de dialogue et de découvertes à la fin de la période médiévale et à l’époque moderne.
Alors qu’une actualité récente nous en rappelle ce qui est sans doute son visage le plus déplorable (l’islamisme radical et violemment prosélyte), il n’est pas besoin de remonter bien loin pour trouver des traces certes souvent passionnelles, mais parfois plus apaisées de ces relations entre Orient et Occident qui nourrissent un puissant imaginaire et une perception sans cesse renouvelée de cet « autre » parfois lointain, parfois bien proche.

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UGS : 110110105 Catégorie :

Informations complémentaires

ISBN

978-2-85923-085-2

Pages

122

Format

21×27 cm.

Façonnage

Livre broché

Éditeur

Bnu éditions

Parution

Automne 2020

L’Islam, qu’on l’écrive ou non avec une majuscule, c’est-à-dire qu’on l’envisage comme une civilisation ou qu’on le considère dans sa dimension purement religieuse, est pour l’Occident, traditionnellement chrétien, un sujet hautement passionnel – qui l’est d’ailleurs depuis longtemps. Si une actualité récente en rappelle ce qui est sans doute son visage le plus déplorable (l’islamisme radical et violemment prosélyte), il n’est pas besoin de remonter bien loin pour trouver des traces certes souvent passionnelles, mais parfois plus apaisées de ces relations entre l’Orient et l’Occident qui nourrissent, des guerres médiques aux décolonisations du 20e siècle en passant par l’épopée d’Alexandre, le haut Moyen-Âge espagnol, les liens entre l’Europe et l’Empire ottoman ou les voyages d’écrivains et d’artistes tout au long du 19e siècle, un puissant imaginaire et une perception sans cesse renouvelée de cet « autre » parfois lointain, parfois bien proche.
Ces relations faites de rivalités, de conquêtes mais aussi d’apports intellectuels, scientifiques, techniques ou artistiques réciproques, ont bien évidemment laissé des traces dans notre patrimoine. Le passé récent de Strasbourg et de l’Alsace en est particulièrement emblématique, lui qui fut marqué par la brillante école orientaliste allemande à une époque (1871-1918) où celle-ci a pu être utilisée par le pouvoir impérial comme une vitrine de son efficience face au voisin français. Nous pouvons dire que les contacts entre l’Alsace et l’Orient proche, la Méditerranée, ont « toujours » existé, comme en témoignent des vestiges archéologiques dès l’époque néolithique. Mais ces échanges se sont surtout développés après l’an 1000.
Une des premières descriptions du Rhin apparaît sous la plume d’al-Khawarizmi, mathématicien, astronome et géographe persan, dans un ouvrage basé à la fois sur la Géographie de Ptolémée et sur sa révision par les savants bagdadiens du 9e siècle, et qui n’est connu que par un manuscrit unique daté du 11e siècle et conservé à la Bnu. Les rencontres directes, par le biais de soldats, pèlerins ou autres voyageurs restent relativement rares. Les contacts, indirects, n’en demeurent pas moins importants et polymorphes : ainsi de nombreuses traductions, d’abord latines, puis allemandes, de textes arabes. Un autre maillon de ces échanges est sans surprise la république marchande de Venise qui achemine vers l’Europe, notamment l’Alsace, les riches produits d’outre-mer. Cette présence orientale en terre alsacienne se ressent à divers niveaux, de la représentation de sa place dans le monde – par exemple, un passage de La Chronique des dominicains de Colmar décrit l’Alsace, au 15e siècle, comme une province à peu près à mi-chemin entre Constantinople et Cordoue − jusqu’aux goûts, du citron ou de la datte. Elle suscite admiration et crainte, des sentiments qui, à travers les siècles, sont modelés par des circonstances, des phénomènes et des objets particuliers.

Sommaire

Le dossier : À la recherche de l’Orient
> De l’héritage « arabe » au défi « turc »: l’Orient dans l’édition alsacienne aux 15e et 16e siècles (Nourane Ben Azzouna)
> Saveurs et bienfaits d’Orient au regard d’un humaniste rhénan, Jérôme Block (Georges Bischoff)
> Les voyages de Kalila wa Dimma: traductions occidentales et premier imprimé strasbourgeois (Annie Vernay-Nouri)
> La Hongrie royale, source d’informations sur les musulmans en Alsace aux 15e et 16e siècles (Istvan Monok)
> Un traité singulier de médecine arabe médiévale: identification d’un manuscrit (Véronique Pitchon et Elhoussaine Oussiali)
> Une source originale de connaissance sur l’Orient à l’abbaye de Murbach: le récit de pélerinage à Jérusalem de Guillaume de Boldensele (Damien Coulon)
> L’ombre de la science arabe: dans les marges de la bibliothèque de Copernic (Édouard Mehl)

L’objet : À la recherche d’objets orientaux inédits dans le fonds Julius Euting (Régine Hunziker-Rodewald)
Portfolio : L’artiste afghan Jeanno Gaussi
Varia: Molière en Turquie (17e-19e siècle) (Çigdem Kurt Williams)
L’inédit : Il faut que jeunesse se passe (Johann’s salad days in Strasbourg) (Soti Triantafyllou)