La Revue de la Bnu n°20

Les liens entre musées et bibliothèques ne sortent pas du néant. Si les deux notions ont de plus en plus tendance à s’interpénétrer, c’est bien davantage l’effet d’échelle qui est nouveau, y compris dans le large spectre du public visé. Après tout, l’association de la bibliothèque à un cabinet de curiosités est vieille comme le monde (l’exemple de la BnF nous le rappelle assez bien), et les musées du livre qui se revendiquent comme tels peuvent parfois se targuer d’une assez longue histoire : nous en évoquons ici deux des plus fameux, la Fondation Martin Bodmer et le Gutenberg-Museum.
Que par contre toute bibliothèque puisse être aussi, par nature, un « musée du livre », voire un musée tout court, est une idée relativement neuve, et tient en partie à ces nouveaux usages et aux nouvelles affectations des collections qu’ils induisent : moins utilisé comme source d’information à côté d’Internet, le document physique est de plus en plus vu comme un élément d’histoire qu’il importe de préserver (nous vivons une incontestable époque de la patrimonialisation), voire comme une évocation nostalgique dont il serait important de raviver le souvenir, et l’on voit désormais, à côté d’institutions établies, depuis toujours étiquetées et reconnues comme des musées du livre, bon nombre d’établissements qui développent, de façon inédite, leurs propres annexes muséales, voire leurs propres musées.