La Revue de la Bnu n°HS Gutenberg

L’année 2018, avec l’anniversaire des 550 ans de la mort de l’inventeur de l’imprimerie, constituait une étape qu’il nous semblait important de commémorer. Ainsi est née l’idée d’un numéro spécial, le tout premier dans la jeune histoire de La Revue. A l’heure de la révolution numérique qui impacte évidemment le livre, menacé de dématérialisation, on se propose de revenir sur une autre révolution, tout aussi profonde, que celui-ci a connue au 15e siècle : la lente mise au point de l’imprimerie, entre Strasbourg et Mayence, par un personnage énigmatique dont les contributions ici réunies ne prétendent pas épuiser le mystère, Johannes Gensfleisch dit Gutenberg. Ce numéro est spécial par son contenu, mais aussi par sa réalisation : la Bnu a accepté de confier celle-ci aux étudiants du master Métiers de l’édition de l’Université de Strasbourg, qui ont contribué à toutes les étapes du travail éditorial. Ce sont eux, en étroite collaboration avec le graphiste et le rédacteur en chef de La Revue, et avec le soutien constant de leur enseignant d’orthotypographie, qui ont choisi et contacté les auteurs, rassemblé l’iconographie, repensé la maquette, trouvé la typographie, réalisé le chemin de fer, relu et corrigé les textes.

Le lancement du numéro spécial marque l’ouverture de l’année Gutenberg à Strasbourg. Il s’agit certes de commémorer celui qui rendit possible la première révolution du livre, dont la diffusion rapide allait permettre l’essor de l’humanisme et de la Réforme, mais aussi, et peut-être surtout, d’adopter un regard prospectif et de considérer sans parti pris la nouvelle révolution en cours. Gutenberg était à l’affût de toutes les nouveautés techniques de son temps, qu’il a su combiner et améliorer sans relâche, jusqu’à la réussite de son projet, permettant ainsi au livre de se réinventer, pour toucher un public bien plus large qu’auparavant. On le voit, la révolution de l’imprimerie et celle du numérique ont bien plus en commun qu’on ne l’entend d’ordinaire. Strasbourg et Mayence, villes du livre, sont loin de n’en être que les conservatoires. À travers leurs filières d’enseignement et de recherche, à travers l’action prospective que développent leurs bibliothèques et leurs musées afin d’anticiper et de satisfaire les besoins futurs de tous leurs publics, elles veulent montrer aussi que l’héritage de Gutenberg est d’abord un état d’esprit, et que si sa figure est vivante, c’est aussi en ce qu’elle nous pousse à repenser en permanence nos schémas intellectuels.